Oceans

Du 28 septembre au 7 octobre 2017. 
Sur une proposition de Caroline Corbal

« Maintenant, vous êtes loin du bord : oh oui ! Comme vous êtes loin du bord ! Vous avez longtemps cru à l’existence d’une autre rive ; tel n’est plus le cas. Vous continuez à nager pourtant, et chaque mouvement que vous faites vous rapproche de la noyade. Vos suffoquez, vos poumons vous brûlent. L’eau vous paraît de plus en plus froide, et surtout de plus en plus amère. Vous n’êtes plus tout jeune. Vous allez mourir maintenant.»
Extension du domaine de la lutte, Michel Houellebecq, 1994

Une femme, cheveux longs, vêtue d’une robe légère, assise sur des gradins de pierre se lève. Elle se dirige lentement vers les bords d’une piscine semblant abandonnée. Il plane une atmosphère étrange et inquiétante, renforcée par les croassements d’un corbeau venus déchirer le silence. La femme marche, s’arrête, fixe l’eau de son regard intense et grave puis plonge. L’architecture de béton s’offre comme un vestige où la nature semble reprendre progressivement ses droits sous l’eau par la présence d’algues colonisant les murs. D’inattendus et improbables graffitis indiquent une possible existence humaine. Dans cette couche d’algues et d’amas végétal verdâtre,le mot OCÉANS, inscrit tel un cri de détresse dans la matière même de l’eau, donne le titre de cette vidéo. Le son de l’eau et de ses mouvements mêlé à des battements ralentis du cœur diffusé la nuit dans l’espace public accentue l’ambiguïté de la situation et de l’espace. Sereine et concentrée, cette femme effectue des allers-retours sans fin dans des mouvements accomplis hypnotisant le passant. Au bout de plusieurs minutes, le spectateur se laisse surprendre par une sensation d’étouffement ou de suffocation. Mais quand reprendra t-elle son souffle?
A la fois une allégorie de la condition humaine nous enjoignant à sortir du cadre et l’inquiétude d’un futur possible où l’homme achèverait de détruire ses propres ressources naturelles. Metavilla#11 interroge les différentes perceptions possibles de l’espace à travers OCÉANS (2016-2017), une vidéo de Nicole Tran Ba Vang qui se joue de la représentation et du suggéré. Metavilla se transforme ici en zone aquatique dont la vitrine retient toute l’eau. L’artiste créé ainsi une ambivalence et une collusion de sens entre espace vécu et espace perçu. OCÉANS ne serait-il pas cet espace de flux entre les espaces invisibles et visibles ?