Installé au 79 cours de l’Argonne à Bordeaux depuis 2015, Metavilla est une « installation urbaine » qui se donne à voir et qui est une expérience artistique dans l’espace public. C’est un lieu-oeuvre hybride de 35m2 où expositions, workshops et ateliers de création co-habitent. Sa vitrine immersive numérique lui permet d’être une fenêtre ouverte vers l’extérieur et de faire de la rue une galerie ouverte et accessible à tous. Inauguré pendant les Saisons Afriques Contemporaines du FRAC, Metavilla invite depuis des artistes qui questionnent la porosité des espaces, qu’ils soient médiatiques, informationnels, corporels, émotionnels, fictionnels et géographiques. C’est ainsi une vingtaine d’artistes représentés : Mounir Fatmi, Jacques Perconte, Aymeric Vergnon D’Alançon, Léo Pacquelet, Sarah Trouche, Lucie Bayens, Alice Raymond, Fabien Zocco, Saïd Afifi, Mohamed Thara, Cindy Coutant, Nicole Tran Ba Vang, Charlie Malgat, Anna Baranowski…
« Métavilla est une œuvre-lieu, un espace « glocal », pris dans un jeu d’interrelations entre divers emplacements, différentes temporalités et niveaux de réalités. Ancrée dans un territoire local – une artère de la ville de Bordeaux, en France –, la vitrine, qui fait aussi office d’écran de projection, est connectée à une géographie globale.
L’installation prend la forme d’une mise en abyme, rendant d’autant plus complexes les articulations inhérentes au système-ville. Le micro et le macro, l’individuel et le collectif, mais également la mémoire et l’histoire d’un territoire entrent en résonnance avec des flux de tout ordre : de données, d’images, d’affects, de marchandises, etc. véhiculés sur les réseaux. Comprise comme un espace relationnel, acentré et horizontal, Métavilla compacte le couple local/global sous une exigence de « glocalité ». Le lieu devient un lien, et le local un espace « méta », autant mondialisé que virtualisé. L’installation crée ainsi de nouvelles formes de représentations, d’échanges, d’organisations, mais aussi de veille. Là, où l’espace urbain contemporain, appareillé d’une multitude d’écrans, de capteurs et de signaux s’érige, lui, en dispositif de surveillance, de régulation ou d’optimisation des flux, contrôlant du même coup, ce qui se pense ou se crée au sein de ces espaces intermédiaires. Le dispositif déploie donc des rapports d’interactions et d’immersion avec l’environnement et le public à une échelle « meta », dont il faut rappeler que le préfixe désigne à la fois la « réflexion, le changement, le fait d’aller au-delà, à côté de, entre ou avec ». Il se fait l’écho d’un « devenir-monde », qui confère à l’œil une fonction haptique, celle de toucher par le regard, de caresser des yeux, de faire corps avec lui, dans un esprit de coparticipation et de co-création. Quand Métavilla évoque également un subtil jeu de mots : « mets ta vie là », où comment le « là » de l’ici et du maintenant, renvoie tout aussi bien au nulle part et à l’ailleurs, à l’avant et à l’après, au réel et à la fiction. C’est pourquoi, en plus de représenter un cas particulièrement complexe de mise en abyme, invitant vers des potentialités quasi infinies de connexions, l’œuvre multimédia de Caroline Corbal a besoin d’être activée, afin de créer une « synergie de réflexion complémentaire ». […]
En « hébergeant » des oeuvres, Métavilla quitte la pure logique du réseau et s’engage dans un processus d’accompagnement et de reterritorialisation. Elle réinjecte du local dans le global, tout comme elle réintroduit du global dans le local. Elle glocalise et singularise, articule nos relations avec les autres et les interactions avec le monde. C’est en ce sens qu’elle habite le monde, devient-monde, coordonne des aspects locaux pour impacter la globalité, et inversement. »
Extrait de MARION ZILIO « Metavilla. Du lieu au lien. Une éthique du devenir-monde », texte de présentation de l’œuvre collective et connectée de Caroline Corbal, featuring Mounir Fatmi, dans le cadre des Saisons Afriques Contemporaines du FRAC, novembre 2015. Republié dans Branded en janvier 2016.
*Métavilla st une marque verbale déposée à l’INPI le 28 janvier 2012.
Fondatrice et directrice :
Caroline Corbal-Albessard
Le projet Metavilla est lauréat du Fonds d’aide à la création numérique 2016 de la Ville de Bordeaux.